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Congrès annuel de la Société Suisse de Pneumologie

Les médicaments biologiques dans le traitement de l’asthme

À quoi faut-il faire attention dans le cadre d’une biothérapie chez les asthmatiques? Quand faut-il la commencer et combien de temps faut-il la poursuivre? Le Pr Dr méd. Christian Clarenbach, médecin adjoint, Clinique de pneumologie, Hôpital universitaire de Zurich, a donné un aperçu de l’évolution des dernières années.

Tous les médicaments biologiques actuellement disponibles ont montré qu’ils permettaient de réduire la dose nécessaire de corticoïdes, a déclaré C. Clarenbach. Nombre de patient·es pourraient même s’en passer complètement. «Nous traitons l’asthme de manière préventive, nous n’utilisons plus autant de médicaments d’urgence en raison de nouveaux concepts et nous proposons un traitement plus personnalisé. Nous n’avons plus peur des problèmes de sécurité», a-t-il expliqué. Les effets secondaires observés sont rares, en particulier avec les nouveaux médicaments biologiques. Auparavant, de nombreuses phases d’administration de corticoïdes ou des corticothérapies prolongées étaient nécessaires.

Quand initier une biothérapie?

Outre le diagnostic confirmé d’«asthme sévère», une condition préalable à la prescription d’un médicament biologique est la détermination de l’endotype et du phénotype. L’asthme de type 2, qui représente environ 50 à 60% des cas, est entretenu par de nombreux médiateurs de l’inflammation, dont différentes interleukines (IL) et le TNF-α. Ceux-ci constituent des cibles pour les médicaments biologiques, par exemple anti-IL-5 (mépolizumab, reslizumab), anti-IL-4/IL-13 (dupilumab), anti-IL-33. Une molécule récemment autorisée en Suisse, le tézépélumab, cible la cytokine TSLP («thymic stromal lymphopoietin») et agit de manière générale dans la cascade inflammatoire de type 2.2

Un autre critère est la présence d’une éosinophilie. Celle-ci est également un facteur de risque pour la perte de fonction pulmonaire et l’augmentation de la fréquence des exacerbations3,4, qui contribuent davantage à la détérioration supplémentaire de la fonction pulmonaire et affectent en outre la qualité de vie des personnes concernées, a souligné C. Clarenbach.4 Il est donc important de réduire le nombre d’exacerbations. On ignore encore si l’inverse s’applique et si la fonction pulmonaire se stabilise, voire s’améliore, sous biothérapie lorsque l’éosinophilie est traitée et les exacerbations réduites, a-t-il déclaré. Aucune donnée à long terme correspondante n’était disponible.

Selon C. Clarenbach, une autre raison d’envisager les médicaments biologiques est lorsque le traitement inhalé atteint ses limites et que ces médicaments ne permettent plus d’obtenir davantage de résultats. Il convient toutefois d’évaluer si un médicament sera efficace chez une personne donnée. Toutes les études actuelles sur les médicaments biologiques contre l’asthme depuis 2022 ont été résumées dans un travail de synthèse. Dans l’approche la plus stricte de la rémission clinique, la charge symptomatique et la fonction pulmonaire ont été évaluées, de même que la nécessité d’un traitement par des corticoïdes oraux et la survenue d’exacerbations. Les résultats révèlent une efficacité globale médiane de 30% seulement. Dans l’approche moins stricte à trois composants (sans fonction pulmonaire), le taux est passé à environ 40%.5 Il faut donc rechercher les personnes qui peuvent bénéficier des médicaments biologiques et, pour les non-répondeurs, faire attention aux coûts, a expliqué C. Clarenbach. Dans ce cas, le médicament doit également être arrêté après un certain temps. «En ce qui concerne le rapport coût-efficacité, il convient de chercher des études en dehors de l’industrie», a-t-il souligné.

Un passage souvent trop précoce aux médicaments biologiques

C. Clarenbach a présenté une étude qui a examiné à quel niveau de traitement, selon les recommandations de la GINA, se trouvaient les patient·es au cours des douze mois précédant le passage à un médicament biologique. Les données de plus de 500 patient·es ont été évaluées. Environ un tiers se trouvaient au niveau 2 ou 3 de la GINA avant le passage au traitement.6 Or, ce n’est qu’aux niveaux 4 et 5 qu’il convient d’envisager une biothérapie.7 Les auteur·es ont conclu que certain·es patient·es étaient probablement passé·es trop tôt à une biothérapie et que certain·es auraient probablement montré une amélioration à une dose plus élevée de corticoïdes inhalés.6 «Nous devons être conscient·es que si une personne dans ce groupe passe à une biothérapie, la biothérapie ne sera probablement pas aussi efficace que chez une personne souffrant d’asthme sévère», a souligné C. Clarenbach.

Traitement des comorbidités

Les comorbidités peuvent avoir une grande influence sur l’asthme. L’obésité est entre autres un facteur important auquel il faut s’attaquer, selon C. Clarenbach. Dans le domaine de la chirurgie bariatrique, on sait que les personnes souffrant d’asthme sévère voient leur état s’améliorer lorsqu’elles perdent par exemple 30 kilos. Il faut maintenant attendre de voir comment les nouveaux médicaments pour la perte de poids agissent chez les personnes en surpoids souffrant d’asthme, a-t-il déclaré.

Congrès annuel de la Société Suisse de Pneumologie, du 15 au 16 mai 2025, à Genève

1 Lommatzsch M et al.: Lancet 2022; 399: 1664-8 2 Striz I et al.: Clin Sci 2023; 137: 727-53 3 Çolak Y et al.: Thorax 2024; 79: 349-58 4 Soremekun S et al.: Thorax 2023; 78: 643-52 5 Shackleford A et al.: Lancet Respir Med 2025; 13: 23-34 6 Bender B et al.: J Allergy Clin Immunol Pract 2022; 10: 2941-8 7 https://ginasthma.org/2025-gina-strategy-report

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