
Projet de diffusion de l’ASSIP® en Suisse romande
Auteurs: Rosalie Keller1,2
PD Dr méd Stéphane Saillant3
Dr. phil. Anja Gysin-Maillart4
PD/MER Dr méd Laurent Michaud2
1 Infirmière, coordinatrice du projet
2 Service de psychiatrie de liaison
Département de psychiatrie
Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne
3 Département de psychiatrie générale et liaison
Centre neuchâtelois de psychiatrie, La Tène
4 Universitätsklinik für Psychiatrie und Psychotherapie, Universitäre Psychiatrische Dienste Bern
l’auteur correspondant:
PD/MER Dr méd Laurent Michaud
E-Mail: Laurent.michaud@chuv.ch
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Le projet de diffusion de l’ASSIP en Suisse Romande a débuté en 2021 dans le cadre du plan d’action national pour réduire les suicides en Suisse et avec le soutien de Promotion Santé Suisse. Cet article présente les modalités prévues pour cette diffusion, ainsi que les moyens envisagés pour rendre la thérapie ASSIP accessible aux patients de Suisse romande qui ont fait une tentative de suicide. La diffusion de l’ASSIP en Suisse romande a pour objectif de pérenniser cette méthode, afin qu’elle puisse faire partie intégrante des modalités thérapeutiques à disposition dans les institutions de soins psychiatriques.
Keypoints
-
Le projet vise à améliorer la qualité des soins et à diminuer les tentatives de suicide en Suisse romande.
-
La méthode ASSIP a été choisie, car elle a déjà fait ses preuves dans d’autres régions.
-
Grâce à une analyse systématique de l’implantation, l’équipe arrive à optimiser la mise en place de l’ASSIP dans les nouveaux lieux.
Contexte en Suisse romande
Il y a quelques années, sous l’impulsion du Groupe Romand de Prévention du Suicide (GRPS), une réflexion a été menée sur la prise en charge des patients ayant fait une tentative de suicide en Suisse romande. Sur mandat de l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP), un Observatoire Romand des Tentatives de Suicides (ORTS) a été mis en place, dans le but d’établir une surveillance entre 2016 à 2019 des tentatives de suicide au sein des services d’urgences du canton de Neuchâtel et de la région lausannoise, selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (1) (2).
Durant la même période, une réflexion a été menée dans le Service de psychiatrie de liaison du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) sur les soins et les besoins spécifiques offerts aux personnes ayant fait une tentative de suicide. Jusqu’à lors, ces personnes bénéficiaient d’une prise en charge selon les mêmes modèles que les autres personnes se présentant aux urgences (hospitalisation – suivi intensif ou de crise en ambulatoire – reprise du suivi par le réseau de soins déjà établi). Une première étude a testé une nouvelle forme d’intervention et identifié qu’il était difficile d’engager les personnes ayant fait des tentatives de suicide dans un parcours de soins: environ 50% d’entre elles refusaient les suivis (3). Par la suite, une étude qualitative s’appuyant sur l’opinion des personnes ayant bénéficié de cette intervention a montré qu’elles étaient sensibles à l’aspect individualisé et centré sur la personne des thérapies proposées (4).
C’est à la suite de ce processus, ainsi que des échanges cliniques nourris au sein du GRPS, que la méthode ASSIP a été identifiée comme un outil privilégié pour venir en aide aux personnes ayant fait une tentative de suicide (5). Il s’agit en effet d’une méthode brève, centrée sur la personne, et qui a pour objectif de créer une forte alliance thérapeutique. C’est aussi une méthode qui a fait ses preuves sur la réduction des tentatives de suicides, ainsi que sur les ré-hospitalisations (6). Ainsi, en 2019, les premiers thérapeutes ont été formés à Lausanne et Neuchâtel.
Projet de diffusion de l’ASSIP en Suisse romande
Le projet est soutenu par Promotion Santé Suisse (PSS) dans le cadre de son cycle d’action dans le domaine de la prévention du suicide en Suisse, et se déroule sur quatre ans (2021-2024). Il vise à implanter de manière progressive l’ASSIP dans les différents hôpitaux partenaires dans les cantons de Vaud, Neuchâtel et Genève. Il est prévu que chaque année, de nouveaux sites intègrent le projet pour une durée de deux ans, l’objectif étant que les institutions qui participent puissent par la suite pérenniser la méthode à un coût neutre.
Le soutien de PSS permet de financer la formation de nouveaux thérapeutes dans les différents sites ; ceux-ci bénéficient de temps protégé dédié à la pratique de l’ASSIP, ce qui permet de rendre la thérapie accessible au plus grand nombre. En outre, le projet inclut la formation de formateurs romands. Actuellement, il n’existe aucun superviseur et formateur ASSIP de langue maternelle française, ce qui représente un frein important à l’offre de formation et à la diffusion de l’ASSIP. La formation prévue d’une éducatrice et d’un éducateur sur sol romand devrait permettre à terme d’augmenter régulièrement le bassin de thérapeutes en Suisse romande.
Il est par ailleurs à noter que le projet inclut la formation à l’ASSIP d’infirmières et d’infirmiers, ce qui constitue une nouveauté en Suisse, puisque, dans sa forme originale, l’ASSIP n’est pratiquée que par des psychothérapeutes (médecins ou psychologues). Ce développement s’inscrit dans une volonté plus large de favoriser les prises de soins interprofessionnels et vise également à rendre la thérapie plus accessible. Elle devrait, à terme, faire l’objet d’une évaluation spécifique.
L’équipe de projet est constituée d’une coordinatrice (Rosalie Keller) et de deux co-responsables (Stéphane Saillant et Laurent Michaud), en étroite coopération avec la co-conceptrice de l’ASSIP et superviseuse (Anja Gysin). Ils facilitent la mise en place du suivi dans les nouveaux sites, et analysent les freins au bon fonctionnement et au recrutement des patients. Un effort certain est aussi fait pour informer les actrices et acteurs du système de santé sur cette nouvelle pratique, afin que les patients ayant fait une tentative de suicide et remplissant les critères d’éligibilité à cette méthode puissent y avoir accès.
Expérience après une année
Notre projet a débuté en janvier 2021 avec le canton de Neuchâtel et la région lausannoise du canton de Vaud ; il a déjà pu atteindre une centaine de personnes ayant fait une tentative de suicide. Certains obstacles au recrutement ont cependant été constatés : le manque de connaissance de la thérapie au niveau des équipes en première ligne, des critères d’inclusions parfois appliqués de manière trop stricte, ainsi que la difficulté déjà évoquée à inscrire les patients ayant fait une tentative de suicide dans un parcours de soins. Afin d’améliorer le recrutement, les situations d’inclusions possibles sont systématiquement examinées et discutées avec les équipes concernées, ce qui permet d’identifier rapidement les difficultés potentielles. Des sessions d’échanges entre thérapeutes ont également lieu régulièrement et permettent d’analyser le processus d’implantation dans les différents sites.
En 2022, trois nouveaux services ont intégré ce projet à Genève et Lausanne, incluant en particulier la mise à disposition de l’ASSIP à la population âgée de la région lausannoise. En 2023, l’implantation se poursuivra dans les secteurs Nord et Ouest du canton de Vaud. Au fur et à mesure de l’avancée du projet, et en s’appuyant sur les expériences passées, l’implantation devrait se dérouler plus harmonieusement et de manière efficace.
Conclusion
L’enjeu principal de notre projet est de garantir la pérennisation de la pratique de l’ASSIP dans le temps, au-delà de la période de soutien. D’après notre expérience, il est important d’avoir un soutien fort, non seulement dans les institutions où nous implantons cette méthode, mais aussi de la part des instances politiques.
Les projets AdoASSIP et ASSIP Home Treatment (financés également par Promotion Santé Suisse) seront prochainement proposés en Suisse romande, ce qui augure de synergies très positives. Il est ainsi prévu de travailler conjointement sur ces autres projets pour améliorer la visibilité et l’accessibilité de la thérapie dans le système de santé romand ; par conséquent, il est prévu d’inclure les enfants et les adolescents, ainsi que de garantir l’accés à l’ASSIP aux personnes à domicile. A terme, nous avons l’espoir que la majorité des personnes ayant fait une tentative de suicide se voient offrir cette thérapie, afin qu’elle puisse avoir un impact favorable pour faire baisser le nombre de suicides en Suisse romande. ◼
Littérature:
1 Golay P et al.: Patients with first versus multiple episodes of self-harm: how do their profiles differ? Ann Gen Psychiatry 2021; 20(1): 30 2 Ostertag L et al.: The implementation and first insights of the French-speaking Swiss programme for monitoring self-harm. Swiss Med Wkly 2019; 149: w20016 3 Brovelli S et al.: Multicomponent intervention for patients admitted to an emergency unit for suicide attempt. An exploratory study. Front Psychiatry 2017; (8): 188 4 Michaud L et al.: Patient perspectives on an intervention after suicide attempt: the need for patient centred and individualized care. PLoS One 2021; 16(2) 5 Keller R et al.: ASSIP. A new therapy following suicide attempt. Rev Med Suisse 2021; 17(751): 1602-5 6 Gysin-Maillart et al.: A novel brief therapy for patients who attempt suicide. A 24-months follow-up randomized controlled study of the attempted suicide short intervention program. PLoS Med 2016; 13(3): e1001968
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